Les pieds lourdement enfoncés sur son bureau et le cul renverser dans le fond de son siège de bureau. Un énorme mug de café brûlant entre les mains ne décrochant pas son attention de la chaîne d’informations en continue qu’il regardait chaque matin sur l’écran de son ordinateur. Un léger sourire se dessinait au coin de ses lèvres en observant le reportage sur les soldats déployés au front à l’extrémité opposé de la planète. Keith appréciait chaque moment de sa nouvelle vie de civile depuis qu’il avait regardé la mort dans le fond de ses orbites oculaires. Son patriotisme était sans doute l’une des seuls choses qui restait inébranlable parmi ses croyances même presque une décennie après avoir frôler les doigts charnus de la faucheuse. Sa vie, sa ville, son pays. Il en était complètement dingue et restait incapable de ne pas mettre toute sa passion ainsi que son amour dans son métier. Sans vraiment décrocher de son programme télévisuel, Keith grognait une salutation amicale à l’homme d’entretien aux origines hispanique, le café noir brûlant coulant le long de son œsophage. Aujourd’hui serait une journée légèrement délicate pour lui et sa coéquipière. Clay Hailflied, la jolie blonde qui partageait son quotidien professionnel. Les choses n’ont pas toujours été faciles entre eux deux. Son expérience et sa manière de travailler relativement différentes des rudiments ainsi que de l’intégrité que l’on apprends à l’école de police. Ils ont fini par s’apprivoiser, l’un et l’autre, apprendre à se connaître réellement dans le professionnel et dans le privé afin de devenir selon lui un duo parfait.

Aujourd’hui, la mission était assez unique dans son genre. Il avait conscience des risques qu’elle allait prendre et son estomac se nouait secrètement, silencieusement. Le barbu appréhendait toujours ce genre de choses. S’il avait toujours été un homme d’action et de terrain depuis le début de sa carrière au sein des Rangers. Il n’avait pas pour habitude d’être celui qui serait l’observateur beaucoup trop loin pour réagir rapidement en cas de problème. Keith était perdu dans ses pensées réfléchissant une énième fois au plan qu’ils allaient mettre en action aujourd’hui pour mettre la main sur ce sale fils de pute. Le vétéran n’en avait quasiment pas fermé les yeux de la nuit et les traces de son tracas restaient encore pleinement visibles sous sa barbe ainsi que ses yeux malgré la quantité astronomique de café qu’il avait déjà ingurgité dans les veines. Il était comme ça. Protecteur, parfois trop protecteur, si inquiet pour ceux qu’il aimait sincèrement. La vision de ce drapeau parfaitement replier pour être offert à la famille. Elle ne l’avait jamais réellement quittée au long de sa carrière. Il était perdu dans ses pensées lorsque la porte s’ouvrit sur la magnifique blonde pénétrant au sein du bureau. Les yeux rivés sur sa tenue épousant parfaitement ses formes, il eu bien du mal à se retenir de plisser les yeux laissant s’échapper un simple onomatopée d’entre ses lèvres. « Alors prêt pour aujourd’hui ? » un léger sourire se dessinait au coin de ses lèvres, vu le contexte de la mission et sa phrase. Il y avait quelques souvenirs qui lui remontaient à l’esprit.

Il se redressait lentement sur son siège reposant ses pieds au sol. Le costume parfaitement taillé n’était pas une tenue qu’il abordait au quotidien et la gêne qu’il ressentait était clairement visible dans ses mouvements tandis qu’il desserrait sa cravate s’envoyant une marlboro au coin des lèvres dans un marmonnement « J’ai pas fermer l’œil de cette putain de nuit… » Enflammant l’extrémité de la cigarette avant d’éteindre l’écran de l’ordinateur, il enfonçait la tête dans l’une de ses mains relevant les yeux vers elle après s’être renfoncé à l’arrière de son siège. « T’es certaine de ton coup là ? »

Le cul enfoncé dans le fond du siège en cuir noir de la banquette arrière du véhicule, la main pendue à son arme de service dissimulée sous sa veste de costume, il observait lentement par les rues de la ville qui commençaient à défiler sous ses yeux par la fenêtre. Ils ne pouvaient absolument pas faire machine arrière, les enjeux étaient beaucoup trop importants pour que la mission échoue, il le savait pertinemment tandis que la fumée s’extirpait lentement de ses poumons. La cigarette glissée entre son pouce et son majeur, le coude planté sur le rebord de la fenêtre arrière, il souriait doucement dans sa barbe. Il se souvenait parfaitement de son rôle. Elle n’avait aucune inquiétude à avoir. Une fois la petite mascarade terminée, il se ferait aussi un malin plaisir à reprendre le rôle du méchant flic qui envoi son poing en travers de la gueule d’un criminel pour obtenir ses réponses et ses avancements dans ses enquêtes. Le brun détournait lentement le regard ne pouvant s’empêcher d’observer sa partenaire de haut en bas, il l’avait toujours fait et pas seulement avec elle, une de ses sales habitudes. Néanmoins, il se mentirait à lui-même s’il ne se disait pas légèrement plus enjoué à l’idée que cette sale manie se reproduise aujourd’hui.

« J’me demandais, ça te dirais d’aller se jeter un verre une fois qu’on auras terminé avec tout ça… » Il haussait simplement les épaules en enfonçant sa tête un peu plus dans le siège, les yeux rivés sur elle avec un léger sourire, la clope vissé au coin de ses lèvres. Il inspirait une nouvelle fois profondément laissant la fumée s’extirper de son organisme seulement après quelques instants au cœur de ses poumons. Les deux partenaires avaient toujours eu cette habitude et rien ne lui semblait étrange dans sa phrase malgré le haussement de sourcil du collègue derrière le volant. Un sourire légèrement dragueur sous sa barbe de plusieurs semaines s’empressant d’ajouter « Bien sur, tu sais, après qu’on se soit changé. M’fin, tu connais la musique, hein »

Il n’eut pas réellement le temps d’attendre sa réponse quand les grésillements du talkie-walkie sur le siège passagers laissaient entendre l’énorme voix du supérieur. Le briefing de mission, il n’avait pas besoin de l’entendre une nouvelle fois, son plan d’action il le connaissait par cœur et il connaissait surtout un plan que peu de ses collègues appréciait : l’improvisation. Il roulait des yeux sans véritablement s’en rendre compte se redressant lentement dans son siège approchant sa main de sa co-équipière. Poing serré, bras tendu, un clin d’œil à son intention. « Que l’éclate commence… Ah pis au fait… » Il laissait chuter sa cigarette par la fenêtre de la voiture s’emparant de son café encore bouillant dans le porte gobelet. A nouveau le liquide brûlant lui coulant le long de l’oesophage et lui extirpant cette fois une grimace. Putain de cendre. Putain de clope. Putain de bagnole de merde. Il serrait le poing et les dents replongeant tout de même son regard sur la blonde à ses côtés « Tu m’en voudras pas si ce fils de pute m’oblige a l’faire saigner. »

Son putain d’idiot d’abrutis de connard de raté de petit frère. Ses yeux restaient rivés sur lui quelques secondes avant qu’il ne lui attrape la main dans une poignée de main ferme. Dans son regard, il essayait de lui faire comprendre de ne pas l’ouvrir s’il espérait s’en sortir avec un minimum de problème. Il avait eu l’espoir après la dernière interpellation et sa mise en désintoxication que son petit frère allait changer. Keith il avait eu ces soupçons d’espoir de ne jamais le recroiser dans une de ses enquêtes mais aujourd’hui il se retrouvait à nouveau devant sa tête complètement ahurie. Les yeux marqués par la drogue et une dégaine à en faire passer un sans domicile fixe pour un millionnaire. Il avait subitement l’envie de mettre un terme à la mission, faire machine arrière, remonter dans la voiture et se rendre dans la salle d’entraînement du commissariat pour essayer de creuser un trou avec ses poings dans un sac de frappe. La respiration calme tachant de centrer son attention sur l’homme avec qu’il échangeait depuis de nombreuses semaines. Il souriait amicalement sous sa barbe de plusieurs semaines mais pourtant parfaitement taillée acceptant avec grand plaisir l’un des cigares qu’il lui tendait dans une jolie boite en acajou. Dans un petit ricanement il portait celui-ci entre ses dents envoyant une petite claque sur l’arrière train de sa coéquipière parfaitement dans son rôle de femme objet au moment où elle se détachait de lui.

« On ne m’avait pas menti sur vos merveilleuses manières d’accueillir vos potentiels partenaires d’affaires, Mr Salvatore. » lançait-il sur un ton faussement enjoué déportant une nouvelle fois son attention sur son petit frère essayant de se faire le plus discret possible dans un coin de la pièce. Cet abruti sentait la transpiration à plusieurs mètres et ses mains tremblantes qu’il essayait vainement de cacher dans les manches de son sweat trop longs ne manquaient pas d’attirer l’attention d’un des hommes de mains qui lui hurlait des phrases en plein visage l’insultant de sale junkie. Cette putain de cocaïne avait eu raison de lui et il n’aurait très certainement pas lever le petit doigt dans la rue pour prendre la défense de son petit frère néanmoins tandis qu’il s’installait paisiblement dans le canapé autour des tables basses où étaient à disposition des échantillons de cigares. Il lançait sur un ton interrogatif

« Qui es-ce ? Il n’était question que de votre homme de main et vous. » un sourcil redressait sur son visage. Il se mordait la lèvre doucement observant les courbes de sa partenaire occupée à distraire le gorille qui lui servait d’homme de main. Les deux partenaires s’en tiendraient au plan prévu. Pourquoi était-il si distrait par elle aujourd’hui ? Il détestait ces missions d’infiltrations où elle mettait son corps en valeur. Techniquement, il ne détestait pas réellement ces missions, il détestait la tension qu’il y avait dans celles-ci à tout le niveau. « Il n’a pas d’importance… Mr Murphy. » Un léger sourire au coin des lèvres, il s’emparait a nouveau de la taille de la blonde feintant de venir lui mordre l’oreille afin d’y glisser discrètement dans un grognement « Fais moi confiance. On improvise. » Dans un grand sourire amical, il descendait l’une de ses mains dans le cœur de ses reins observant l’homme de main et le junkie à quelques mètres d’eux. « Ma belle. Si tu t’occupais de l’homme de Mr Salvatore pendant que le junkie surveille la porte… En guise de cadeau pour mon nouvel ami. » Bingo. Ils avaient touché une corde sensible. Le leader à l’accent italien s’exclamait de rire tandis que la brute épaisse souriait comme un benêt. Dans un sourire sous sa barbe, il la poussait vers lui.

Keith s’approchait du caïd de la drogue tandis que la belle exécutait sa mission de son côté. Un sourire sous la barbe s’emparant du verre de whisky que lui tendait le caïd trop abrutis par les courbes de la belle blonde pour se rendre compte de la main de Keith qui plongeait à l’intérieur de sa veste de costume. « Vous savez, Mr Salvatore… On raconte souvent qu’il est nécessaire de faire attention avec qui l’on décide de s’associer dans cette ville. » Le code était lancer. La première étape était en marche. Tout dépendait maintenant de la jolie blonde à quelques mètres de lui. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine.

Les secondes défilées comme des minutes et les minutes défilées comme des heures alors que sa partenaire avait disparu dans une autre pièce. Keith s’efforçait de rester dans son rôle de Murphys le gros bonnet à la recherche d’un caïd pour étendre son territoire. Un sourire ne décrochant pas de ses lèvres tandis qu’il essayait difficilement d’apprécier le cigare que lui avait offert le trafiquant de drogue. Qu’allait-il faire au sujet de son crétin de petit frère ? Il ne voulait pas ajouter une ligne à son dossier déjà bien fourni, et surtout, il ne voulait pas une nouvelle fois lui passer le menottes aux poignets afin de l’envoyer croupir dans une cellule pendant de nombreuses heures. Le policier réfléchissait dans un coin de sa tête tandis qu’il s’efforçait d’entretenir la conversation avec Mr Salvatore. A l’instant, son cœur ne battait plus, il savait que les hommes de la brigade étaient prêts à intervenir dans tout le secteur afin de mettre la main sur les hommes de l’italien. L’alcool lui brûlait l’œsophage tandis qu’il se rendait subitement compte que son petit frère n’échapperait pas à une nouvelle interpellation ainsi qu’à une nouvelle possible condamnation à moins de réussir à lui faire cracher certains morceaux dans une salle d’interrogatoire avec enregistrement à la clé.

Bordel. S’il n’était pas dans son rôle, il se prendrait le visage entre les mains tout en lâchant un soupir mais il se contentait de lancer un clin d’œil à sa partenaire qui faisait a nouveau son apparition venant se caler sur ses genoux. Un frisson lui parcourait subitement l’échine tandis que ses mains venaient instinctivement se caler dans le creux de ses reins inspirant profondément à la recherche de l’odeur typique de son parfum. Bordel. Il fallait rester concentré. « Je pense qu’il va revenir dans quelques instants il était un peu KO et avait un peu honte que ça se soit terminé aussi vite. » Keith eu énormément de mal à se retenir de rire, laissant s’exprimer ses émotions sans la moindre demi mesure face à l’italien qui en faisait de même riant aux éclats. Cet imbécile était assez stupide pour avoir mis les pieds dans le plat.

Un léger sourire parcourait son visage tandis qu’il caressait machinalement et instinctivement les hanches de sa partenaire. La mission se déroulait avec succès pour l’instant et il fallait qu’elle continue sur cette lancée. Ses lèvres se déposaient a nouveau dans le cou de la blonde soupirant discrètement « Dès qu’il en a dans le pif. Tu coffre l'autre con…». Il souriait doucement ressortant sa tête de la chevelure de la blonde repoussant celle-ci sur le côté, restant suffisamment proche d’elle pour sentir sa peau contre la sienne mais aussi son cœur battre. « Essayez donc notre produit. » Il riait doucement frappant entre ses mains et s’emparant d’un petit sachet de cocaïne qu’avait lancer son petit frère junkie dans un coin de la pièce. Les yeux méfiants en observant le produit, il laissait un petit rictus s’échapper d’entre ses lèvres, rejetant le sachet devant le caïd de la drogue face à lui. « Vous et le junkie en premier… vous connaissez les affaires. » La situation était toujours tendue dans la pièce tandis que son petit frère s’affairait à préparer la consommation de drogue avant de s’en foutre plein les narines dans un grand rire de l’italien. Les yeux rivés sur le quadragénaire face à lui, il souriait en le défiant presque du regard avant qu’il ne se penche pour s’en foutre plein les narines. « Vous savez… J’mentais pas tête de cul quand je parlais de faire gaffe avec qui tu fais affaire. » Tout se déroulait très vite, si vite, qu’il se retrouvait en l’espace de quelques secondes derrière le trafiquant s’emparant de l’arme qu’il cachait sous sa chemise. Le canon poser contre la nuque de celui-ci en observant Clay. «  FAIS UN SEUL PUTAIN DE GESTE ET TA PUTAIN DE CERVELLE RECOUVRE LA TABLE C'EST COMPRIS. »